LA VALORISATION DU COMPOST EN VILLE
Commençons par un rappel des caractéristiques principales bienfaitrices du compostage : ce procédé permet la valorisation durable des déchets alimentaires, qui vont se décomposer naturellement, mais amène aussi une certaine reconnexion à l’origine de notre alimentation et à son cycle.
En ville, c’est une occasion de rencontrer ses voisins et créer de nouveaux liens.
Attends, le compost en ville, ça ressemble à quoi en fait ?
Le compost en ville prends 3 formes possibles :
- en composteur partagé à l’échelle d’un quartier : dans des jardins ou parcs, il y a souvent plusieurs bacs pour accueillir les déchets alimentaires de dizaines de foyers.
- en composteur en pied d’immeuble : de la même manière que pour un quartier, il y a plusieurs bacs même s’ils peuvent être plus petits, adaptés au nombre de foyers de l’immeuble. Pas de place dans votre résidence ou vous vivez en maison ? Vous pouvez composter chez vous : un bac dans son jardin (renseignez-vous auprès de votre mairie, beaucoup en distribue pour une somme dérisoire), ou un lombricomposteur dans son appartement (promis, les vers de terre ne viennent pas dans votre lit !)
- enfin, troisième cas : le compostage ne se fait pas sur place. On parle de collecte, via un point d’apport volontaire : comme la poubelle à verre de votre quartier, vous pouvez y jeter vos déchets alimentaires en les ramenant avec un seau, souvent fourni par la collectivité. La collecte peut aussi se faire à domicile, vous n’aurez qu’à vider votre seau dans la poubelle de l’immeuble dédiée.
La ville de Lyon a fait le choix des points d’apports volontaires en plus des composteurs de quartier : elle teste depuis 2021 les bornes à compost ! (photo)
Quel que soit la solution que vous choisissiez, elle sera la meilleure pour vous ! C’est-à-dire qu’il n’y a pas de solution idéale pour tous.tes, elles se complètent et c’est à vous de trouver celle qui vous arrange le mieux.
Dois-je vraiment me mettre au compostage ?
“En 2024, le compostage sera obligatoire pour tout le monde !” Vrai ou faux ?
Vous avez peut-être lu cette phrase plusieurs fois dans les médias. C’est un malheureux raccourci car c’est faux.
Dans le cadre la loi antigaspillage de 2020, ce qui devient obligatoire au 1er janvier 2024 est de proposer des solutions de tri des biodéchets (vos restes de cuisine et déchets de jardins). Cette obligation concerne les collectivités et les professionnels qui génèrent des déchets alimentaires. En tant que citoyen.ne, votre collectivité devra mettre à disposition une solution pour trier vos biodéchets séparément de votre poubelle grise : ça peut être des bacs de compostage dans votre quartier, mais ça peut être une collecte à domicile en vous attribuant une poubelle supplémentaire qu’elle récupèrera pour méthanisation par exemple. Le compostage n’est qu’une des solutions et surtout, n’engage pas les citoyen.ne.s. Vous ne serez obligés en rien.
(Evidemment, nous vous encourageons à le faire ! Pourquoi ?
30% de la composition de la poubelle d’un Français.e moyen.ne serait compostable mais fini brûlée ou enfouie. Et brûler des biodéchets, de la matière organique qui est à 80% composée d’eau… ça manque un peu de logique (vous avez déjà essayé de brûler de l’eau ? Non ? Bravo, vous êtes plein de bon sens !). L’enfouissement quant à lui peut générer du méthane, un gaz à effet de serre 25 fois plus réchauffant que celui du CO2. Par habitant et par an, c’est 83 kg de matière qui serait jetée au lieu de retourner à la terre via le compostage.)
Le compostage peut donc réduire vos déchets, mais aussi que ceux de votre jardin si vous en avez un puisque vous pouvez y intégrer vos restes de tontes, vos feuilles mortes, etc. C’est même obligatoire pour une bonne décomposition de vos déchets de cuisine !
D’autres avantages ? Plus de mauvaises odeurs ou de moucherons dans votre poubelle. Rien que pour le confort, nous on dit oui ! Et un beau compost à récupérer de temps à autres pour nourrir vos plantes et les rendre encore plus belles.
Je veux composter mais…
… les idées reçues ont la vie dure. Avez-vous peur des rats ? Ils ne viendront que s’ils sont déjà sur place (oui, les rats ne tombent pas du ciel) et peuvent être facilement repoussés en gérant correctement son compost (bien mélanger à la surface lorsqu’on dépose ses déchets pour éviter les odeurs, et aérer son compost de temps en temps en tout mélangeant, surtout si vous remarquez la présence de rats). Beaucoup de villes utilisent maintenant des composteurs “anti-rats” qui possèdent des grilles dessous pour qu’ils ne s’infiltrent pas dans le composteur.
La collectivité peut aussi mettre en place des mesures incitatives : si les citoyens paient au poids la gestion des poubelles, un allègement de la taxe avec une poubelle plus légère car débarrassée des déchets de cuisine sera un atout non négligeable !
Ma collectivité elle y gagne quoi ?
Si elle fait le choix du compostage, en proposant des composteurs de quartier et de jardins, le nombre de trajets des camions poubelle va baisser. A l’heure des hausses de carburants, ce sont des économies significatives pour les collectivités.
Il y a aussi une vraie utilité pour les espaces verts de demain qui devront s’adapter aux aléas climatiques de plus en plus fréquents : le compost récupéré est très nutritifs et donc une résistance supplémentaire pour les plantes. Encore une fois, en plus des bienfaits des espaces verts sur la température de la ville, ce sont des coûts supplémentaires évités pour l’entretien.
💡 Renseignez-vous auprès de votre collectivité pour savoir ce qu’elle a prévu de mettre en place. Lui rappeler l’obligation de 2024 ne peut être que bénéfique. Vous pouvez envoyer le kit de communication mis à disposition par l’Etat à votre collectivité pour l’aider à se mettre en règle : https://www.notion.so/mapetiteplanete/Le-compost-en-ville-f276d058c35746858e4a8a0251a40609?pvs=4#694b948ad4ce4c1c84e83fee46c1b9e7
Au final, ça va ressembler à quoi la ville de demain qui composte ?
La tendance qui se dessine est que la ville de demain aura des composteurs dans chaque quartier : jusque là les expérimentations sont réussies et très peu de composteur se retrouvent à l’abandon.
Le challenge : que ça ne soit pas une seule personne qui gère le composteur (même en résidence). Cela peut être vite contraignant pour une seule personne ; il est idéal d’avoir 2 personnes en charge, qu’on appelle “référentes de site”.
Les composteurs de quartier peuvent fédérer une dynamique locale, de quartier. L’entraide, la résilience, sont entremêlés dans les enjeux du compost en ville et seront des composantes essentielles de la ville de demain.
Pourquoi se priver ? Ensemble, compostons !
This article was written by Marie, « Je suis à vélo par tout temps, ou avec un chat dans les bras ».
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