Relation entre l’humain et la biodiversité
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- LE 25 avril 2024

L’HUMAIN ET LA BIODIVERSITÉ

Quoi de mieux qu’une balade dans la nature pour entrer en relation avec la biodiversité ? Cela dépend où, me diras-tu. Un chemin agricole qui passe entre un champ de betterave sucrière et un champ de pomme de terre, c’est plus proche d’un désert biologique que d’une plaine de diversité ! Mais alors où te rendre pour entamer cette promenade ?

Partons en excursion dans le futur, dans un futur que tu auras mérité, car tu y auras grandement participé.

C’est un mercredi 13 mars, autour des années 2046, c’est le milieu de l’après-midi et tu sors de chez toi. La semaine de quatre jours étant obligatoire, tu profites des températures printanières qui, comme depuis des décennies maintenant, sont monnaie courante en cette période. Comme quatre français sur cinq, tu vis à la campagne, tu t’es installé.e en profitant de l’exode urbaine des années 30. Tu n’es pas seul.e, ton enfant de 5 ans t’accompagne dehors.

Iel court déjà dans les chemins, forçant les vélos à s’écarter. Mais iel est très vite coupé.e dans son élan par une mouche coincée dans l’œil. Elles sont nombreuses à voler autour des composteurs communs et des étables partagées. Vite retirée iel est maintenant à genoux, le menton presque dans la poussière, en contemplation devant un accouplement d’escargots. Tu le.a rejoins et en tailleur à ses côtés tu lui expliques qu’ils sont hermaphrodites, cela signifie qu’un même individu est capable de produire des spermatozoïdes et des ovules qu’ils s’échangent lors d’une fécondation croisée.

Voyant ton enfant absorbé.e par le spectacle, tu ne sais pas trop quoi ajouter, tu trouves judicieux de préciser que cette opération dure entre 10 et 15 heures et que tu ne comptes pas dormir ici. Iel relève ces grands yeux noisette vers toi, la bouche entrouverte, l’air étonné, et se décide enfin à bouger pour reprendre la marche le long du chemin à l’orée du bois.

Après quelques pas dans les hautes herbes du bas-côté abondant de carottes sauvages, de coquelicots et de consoudes, iel trébuche sur une taupinière. Heureusement, la végétation amortie la chute et iel ri aux éclats tout en commençant à ramper dans cet océan de verdure.

Iel en profite pour picorer du plantain major et du pissenlit, surtout les fleurs dont iel raffole. Tu le.a regardes tendrement faire un pliage de feuilles d’ortie pour en neutraliser les pointes de silice qui contiennent les substances urticantes. Iel s’approche de toi pour te tendre sa feuille mise au carré. Tu la mets entre tes dents et te délecte de l’instant. Les jeunes pousses sont tellement savoureuses.

Vous continuez à avancer entre les arbres majestueux qui étirent leur ombre en cette fin d’après-midi. Les oiseaux traversent devant vous en groupe compact et se poursuivent entre les branches et jusqu’aux cimes. Ton enfant court en battant des ailes et poussant des cris, imitant approximativement les belles mélodies du geai des chênes ou du pic épeiche.

Soudain, un faussé s’agite sur votre gauche. Immobile, vous guettez. Vous échangez un regard complice et vous approchez du buisson, à pas de loup. Des couinements aiguës vous parviennent, iel est tout exité.e. C’est une portée de campagnols qui jouent, se roulent et qui courent partout. Iel ne quitte pas la scène des yeux et applaudi même des mains. Tu lui fais signe de faire moins de bruit avec un doigt sur les lèvres. Effectivement, les jeunes rongeurs se sont figés et ont la tête relevée, attentifs.

Puis tout s’accélère, les campagnols s’éclipsent en trombe vers les profondeurs du bois. Tu n’as pas le temps de comprendre ce qu’il se passe qu’une ombre fulgurante s’abat. Ton enfant pointe quelque chose avec son index, un épervier s’envole, avec entre ses serres un campagnol malchanceux. Anticipant la crise, tu t’accroupis et entreprends de lui expliquer que l’épervier a besoin de viande pour se nourrir et que cela fait partie de la beauté et de la diversité de la nature. Iel te regarde intensément en hochant la tête. Iel te demande si c’est pareil quand iel a mangé la fleur de pissenlit un peu plus tôt. Tu acquiesces et souris gentiment, le plus important c’est d’avoir conscience que pour vivre on doit tuer d’autres êtres vivants, plantes comme animaux. Le tout c’est de le faire avec respect et de les remercier pour cela.

Voyant le soleil décliner, tu décides de faire demi-tour et de rentrer. Iel te retiens par le pantalon et se plaint d’avoir si peu avancé, quelques centaines de mètres tout au plus… Tu éclates de rire et lui répond : « C’est ça la biodiversité mon amour, c’est l’abondance ! Nous reviendrons demain. ».

Cet article a été rédigé par Gurvan, « A bicyclette pour la planète ! Et en plus je roule aux légumes bio. »