Adoption par l’UE d’un plan biodiversité : objectif restauration de la biodiversité d’ici 2030
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- LE 27 mars 2024

PLAN BIODIVERSITÉ

Plus possible de nier le déclin de la biodiversité en Europe : les faits sont là, il ne manque plus que le déploiement d’initiatives pour y remédier. Le plan biodiversité ayant pour objectif la restauration de la biodiversité d’ici 2030 adopté par le Parlement de l’UE a pour ambition de mettre en place une véritable stratégie au niveau global afin de restaurer, protéger et conserver le vivant au sein de l’Union dans les prochaines années.

Adoption d’un plan de restauration de la biodiversité en Europe : nécessité et objectifs

🚨 Nécessité d’agir au niveau européen face à un constat alarmant

En Europe, le constat est sans appel : plus de 80% des habitats naturels sont mal conservés. Une grande partie des écosystèmes sont directement menacés par des activités fortement émettrices de gaz à effet de serre : l’étalement urbain, la pollution, la prolifération d’espèces envahissantes, ou encore l’agriculture intensive. [→ avec sa stratégie de protection de la biodiversité, la Commission européenne veut restaurer les écosystèmes et protéger 30 % de la superficie marine et terrestre de l’UE.]

Or, malgré l’existence d’un grand nombre de directives (texte posant des objectifs à atteindre, non contraignant pour les Etats membres) visant à protéger l’environnement au niveau de l’UE cette dernière décennie, notamment entre 2010 et 2020 (directives « Oiseaux » ou « Habitat dont l’objectif est de “veiller à ce que les espèces et leurs habitats se rétablissent suffisamment pour leur permettre de s’épanouir à long terme. »), aucun objectif n’a été rempli jusque là.

Toutefois, et d’après le rapport sur la stratégie de l’UE en faveur de la biodiversité, il n’est pas trop tard pour agir, mais il faut le faire dans les plus brefs délais.

💡 L’adoption du plan de restauration de la biodiversité par la Commission européenne : une véritable stratégie globale au niveau de l’UE

Ainsi, en mai 2020, la Commission européenne (ayant comme rôle principal de proposer et de mettre en œuvre les politiques de l’UE) a fait connaitre sa nouvelle stratégie suite à l’impulsion du Parlement européen en janvier appelant à poser des objectifs juridiquement contraignants pour protéger la biodiversité. Cette stratégie sera ainsi adoptée par le Parlement et le Conseil européen

La stratégie de restauration de la biodiversité au sein de l’UE est un plan ambitieux global à long terme (à l’horizon 2030) ayant pour but de protéger et conserver la nature, et de ce fait inverser une tendance déjà existante à la dégradation des milieux naturels.

Ce plan biodiversité s’inscrit notamment dans le cadre du European Green Deal (Pacte vert pour l’Europe, à l’initiative de la président de la Commission européene Ursula von der Leyen) au sein duquel l’Europe a inscrit sa volonté de devenir “le premier continent climatiquement neutre” en réduisant nettement ses émissions de gaz à effet de serre. D’autre part, cette stratégie permet également de renforcer la position de l’UE dans les négociations internationales sur les enjeux environnementaux.

    Les grandes lignes du plan de restauration de la biodiversité d’ici 2030 

    🇪🇺 La position du Conseil de l’Europe 

    La position du Conseil a été particulièrement influencée par la pandémie de Covid-19 qui a entrainé une nouvelle prise de conscience écologique. En ce sens, le Conseil a notamment appuyé sur la nécessité de maintenir, protéger et restaurer les écosystèmes et ainsi de veiller à la bonne santé de la biodiversité au sein de l’UE (permettant également de prévenir l’apparition et la propagation de nouvelles maladies).

    Les différents objectifs du Conseil tendent notamment à renforcer la résilience de l’UE face :

    • aux conséquences du changement climatique
    • aux incendies de forêts
    • à l’insécurité alimentaire
    • aux épidémies (par la protection de la faune sauvage et la lutte contre le commerce d’espèces sauvages)

    Pour ce faire, le Conseil invite également la Commission européenne à intégrer ces objectifs de protection et restauration de la biodiversité dans les propositions législatives à venir.

    🌍 Les différents leviers d’action 

    C’est donc en mai 2020 que la Commission européenne a présenté la stratégie qui va être mise en place en vue des dix prochaines années. La cible est triple : les populations, le climat et la biodiversité (les trois étant intrinsèquement liés).

    👉 Création de zones protégées recouvrant au minimum 30 % (contre 15% aujourd’hui) de la superficie terrestre et de la superficie marine de l’UE

    Comment procéder ? En étendant la couverture des zones Natura 2000 existantes (sites naturels ou semi naturels de l’UE représentant une grande valeur patrimoniale de part leur faune et flore exceptionnelle). Une attention particulière sera notamment potée aux forêts, comme mentionné précédemment.

    Deux ans plus tard en décembre 2022 à l’occasion de la conférence sur la biodiversité (COP15), les Nations unies (qui à la différence de l’UE, comprennent des pays non européens), adopteront également un cadre mondial en la matière. L’UE participera à cet accord prévoyant la protection de 30 % des terres et de 30 % des mers de la planète à horizon 2030.

    👉 Restauration des écosystèmes dégradés dans l’UE

    Comment procéder ? Quelques mesures phares :

    → En organisant la plantation de 3 milliards d’arbres dans l’ensemble de l’Union

    → En laissant intact 10% des terres et océans de l’UE

    → En inversant la tendance au déclin des pollinisateurs par la révision immédiate de l’initiative de l’UE sur les pollinisateurs et par l’instauration d’un cadre nouveau de surveillance des abeilles

    → En affectant au moins 25% des terres agricoles à l’agriculture biologique. Dans ce but, une des mesures était ainsi réduire de 50 % l’utilisation de pesticides dangereux et chimiques, et notamment interdire des herbicides a base de glyphosate après decembre 2022. Toutefois, cet objectif est à déplorer et difficile à considérer au vue du renouvellement pour 10 ans du glyphosate par l’UE).

    Dans cette optique de restauration des écosystèmes, la Commission a proposé en juin 2022 un règlement sur la restauration de la nature, inscrivant de ce fait ces différents objectifs dans la législation européenne.

    👉 Consécration croissante du budget à la transition écologique :

    → L’affectation de 20 milliards d’euros par an à la sensibilisation et protection de la biodiversité (constitués des fonds de l’UE et de financements nationaux et privés)

    → La consécration d’une part importante :

    → des 30% du budget de l’UE

    → des dépenses de Next Generation EU (plan de relance économique adopté suite à la pandémie de Covid-19 visant à “atténuer les conséquences économiques et sociales de la pandémie de COVID-19” et à rendre l’Europe “mieux [préparée] aux défis posés par les transitions écologique et numérique”)

    ⇒ à l’action pour le climat de manière à garantir une meilleure protection de la biodiversité.

    👉 Protection et reconnaissance de la cause environnementale sur la scène internationale

    De manière plus globale, c’est avec ce plan de restauration de la biodiversité que la Commission envisage de faire de l’UE un véritable leader international en matière de protection de la biodiversité. Pour ce faire, l’Union entend intégrer la cause environnementale dans tous ses choix économiques et commerciaux ainsi que dans ses ambitions et échanges diplomatiques avec les autres puissances du monde. L’UE s’est notamment engagée à consacrer la protection de l’environnement dans “tous ses engagements bilatéraux ou multilatéraux” (engagements pris entre l’UE et un/plusieurs Etats)

    🔥 Actualité du 27 février 2024 : adoption de justesse par les députés européens de la loi pour la restauration de la nature

    C’est acté : le mardi 27 février 2024, la loi européenne sur la restauration de la nature a été adoptée de justesse par le Parlement européen. (329 eurodéputés ont voté pour, 275 ont voté contre, et 24 se sont abstenus)

    Cet accord impose aux pays membre de l’UE de restaurer au moins 30% de ses habitats naturels en mauvais état d’ici 2030, puis instaure une augmentation graduelle : 60% d’ici 2040 et 90% d’ici 2050.

    Le but de cet accord est ambitieux : réhabiliter

    → au minimum 20 % des zones terrestres et maritimes de l’Union d’ici 2030

    → tous les écosystèmes dégradés d’ici 2050.

    Des obligations et objectifs sont fixés dans divers champs d’actions (terres agricoles, pollinisateurs, les rivières, les forêts et les zones urbaines).

    Toutefois, des divergences sont toujours source de préoccupations et d’enjeux dont il va falloir se saisir, notamment concernant les revendications des agriculteurs relatifs aux rendements agricoles.

    Cet article a été rédigé par Roxane, « Grande amatrice de documentaires scientifiques et amoureuse inconditionnée d’audiovisuel, lâches moi dans une salle de ciné et sois certain.e que j‘y passerai la journée ! »