Comment transformer son organisation vers un modèle durable en impliquant ses collaborateurs ?
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- LE 16 juillet 2024

COMMENT TRANSFORMER SON ORGANISATION VERS UN MODÈLE DURABLE, EN IMPLIQUANT SES COLLABORATEURS ? 


En 2024, les entreprises françaises ont franchi une nouvelle étape dans l’implémentation des politiques de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE), comme l’illustre le
baromètre RSE de Vendredi, réalisé en collaboration avec 12 autres partenaires. Selon cette étude, 78 % des entreprises interrogées disposent désormais d’une équipe dédiée à la RSE et 76 % ont alloué un budget spécifique à cette cause, contre 68 % en 2022.

1/ Les défis de l’implantation de la RSE

Malgré l’augmentation des ressources humaines et financières consacrées à la RSE, les responsables RSE se heurtent encore à plusieurs obstacles. Le manque de temps que les collaborateurs peuvent consacrer aux missions et la priorisation insuffisante du sujet par la direction et les managers constituent des freins significatifs.

Pour accompagner ses clients dans l’évolution de leurs organisations vers un modèle plus durable, MPP a organisé un webinaire le 02 juillet 2024. Trois experts ont partagé leurs visions et plusieurs conseils pour faire avancer ce processus.

2/ Pourquoi transformer son organisation vers un modèle durable ? 

Les raisons de cette transformation sont multiples : enjeux commerciaux, obligations légales, pérennité du modèle économique, marque employeur, entre autres. Laurent Boisseuil rappelle que de nombreux produits de consommation actuels ne pourront plus être mis sur le marché dans dix ans en raison de la crise environnementale. Les dirigeants doivent se poser des questions cruciales sur l’évolution de leur modèle d’affaires.  Les limites planétaires doivent être prises en compte pour à la fois être cohérent et assurer une pérennité. Stacy Algrain interroge : « Comment assurer un monde qui s’effondre ? », soulignant l’urgence de repenser les modèles actuels.

L’identification des risques est une mission essentielle des agences de transition écologique, telle que Bien Barré, dont Stacy est co-fondatrice. Elle possède une double casquette, combinant activisme et expertise professionnelle. Dans ce cadre, Stacy a travaillé sur les industries extractivistes et a constaté qu’elles ne se préoccupent pas suffisamment des risques liés à l’extraction des ressources naturelles.

La responsabilité des entreprises face à l’urgence climatique est plus que nécessaire. Ces dernières doivent transformer leur modèle et faire la bascule d’une économie extractiviste vers une économie régénérative.

3/ La réglementation, une contrainte très utile

En Europe, la CSRD, réglementation en vigueur depuis le 1er janvier 2024 en France, fixe de nouvelles normes et obligations de reporting extra-financier, avec de multiples indicateurs, pour les grandes entreprises et celles cotées en Bourse. Ces indicateurs portent sur les aspects environnementaux, sociaux et de gouvernance afin d’évaluer leur approche sur les risques et les impacts liés à la durabilité tout au long de leur chaîne de valeur.

Les Directeurs administratifs et financiers (DAF) ont un rôle éminent à jouer dans l’intégration des politiques de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) au sein du modèle économique et de la performance des entreprises, notamment grâce à la CSRD. Cependant, Stacy Algrain souligne qu’il est crucial de renforcer le pouvoir des départements RSE (DRSE) afin qu’ils puissent équilibrer les intérêts financiers court-termistes avec l’engagement à long terme de la RSE.

Une réglementation nécessaire

Cette réglementation présente un avantage majeur : elle met toutes les entreprises sur un pied d’égalité. Elle s’adresse non seulement aux citoyens, mais aussi aux financeurs et aux assurances. La CSRD oblige toutes les organisations à considérer la soutenabilité de leur modèle et à définir une trajectoire environnementale claire. Il est important de la percevoir comme un enjeu organisationnel visant à optimiser les actions et à faire évoluer les processus internes. C’est pour cette raison que l’on parle de transformation.

4/ Impliquer les collaborateurs

Maxime Marchand souligne que la transformation organisationnelle ne se réalise pas uniquement par des processus ou de nouvelles chartes, mais par l’engagement des collaborateurs et la transformation de leurs métiers. Pour rendre ce sujet attractif, une nouvelle approche de la création de valeur et une communication interne efficace sont essentielles.

Une organisation ne change pas uniquement par l’instauration de nouveaux processus. Sa transformation se fait par la compréhension des collaborateurs de l’utilité de leur métier, de leur complémentarité ainsi que leur implication dans cette transformation.

Une demande croissante des clients

Les clients exigent de plus en plus de transparence sur les engagements ESG/RSE des entreprises. Maxime Marchand note que présenter une vision à long terme et prouver les engagements est aujourd’hui une nécessité. 

5/ Comment mener cette transformation

La RSE nécessite une approche holistique :

  1. S’appuyer sur ses alliés : Une transformation suit la courbe du changement, passant par des phases de déni, colère, dépression et réengagement. Il faut s’appuyer sur ses alliés et convaincre un certain nombre de personnes, en prenant en compte le côté humain, rappelle Laurent.
  2. Rencontrer les parties prenantes : sortir du bureau, sensibiliser, écouter et s’adapter aux diverses parties prenantes est crucial. Stacy Algrain insiste sur la diplomatie et l’adaptation face aux divers acteurs institutionnels et citoyens. Stacy évoque le concept philosophique du renoncement, c’est-à-dire se libérer des attaches qui nous retiennent. 
  3. Consacrer du temps (et des ressources) : Laurent Boisseuil indique que la maturité de l’entreprise conditionne les moyens nécessaires pour une transformation efficace. Le comité de direction (CODIR) doit prioriser les sujets stratégiques et allouer les ressources nécessaires. Sacraliser une réunion tous les 15 jours ou tous les mois est un premier pas. Si le budget est limité, recruter au moins une personne en alternance pour gérer les aspects opérationnels, facilite la tâche du responsable de la RSE.
  4. Obtenir du sponsorship du haut niveau : la direction, comme nous l’avons déjà mentionné, est la clé. Néanmoins, le middle management a aussi un rôle crucial à jouer. Plus l’orientation est claire, plus le processus sera rapide. Le cas de Fnac/Darty, client de Mao Boa, en est un bon exemple. Leur défi était d’atteindre un minimum de ventes de seconde main, de location et de réparation. La direction a présenté la stratégie aux magasins, qui l’ont ensuite transmise aux référents RSE de chaque boutique. Le management de proximité a été impliqué, avec une communication claire et des objectifs chiffrés.

Rendre attractive la démarche :

Les efforts doivent être internes, pour les collaborateurs, mais aussi externes. Les clients commencent à s’aligner avec la tendance RSE et posent continuellement des questions sur les engagements, les enjeux et l’impact business ESG/RSE. Les entreprises doivent leur présenter leur vision de long terme et prouver leur engagement pour gagner en crédibilité. Des organisations comme Les Collectifs existent pour accompagner les salariés engagés à mener à bien la transition écologique. Jetez-y un coup d’œil.

6/ Les outils

  1. Coalition : un bon exemple est la campagne de communication récente des marques d’alternatives végétales à la viande qui a aidé à faire sauter les lobbys et à dépasser la logique de la concurrence. Les marques Accro, Happyvore, Heura et La Vie se sont alliées pour passer un message puissant et ont obtenu du Conseil d’Etat la suspension de la loi visant à censurer les appellations carnées pour les alternatives végétales.
  2. Montée en compétences : offrir aux salariés l’opportunité de se former afin qu’ils puissent intervenir tant à l’échelle individuelle que dans le cadre de leur métier.
  3. Action : Donner les moyens d’agir pour que les salariés se sentent et soient dans l’action (du temps, un budget, une formation,…).
  4. Communication : partagez aux équipes les chiffres clés et les grandes avancées du projet est crucial afin de les embarquer. L’utilisation de la matrice” impact/difficulté” (impact de la mise en place d’une initiative écologique, versus difficulté de mise en place) peut être un bon début pour prioriser ses chantiers. Commencez à communiquer dès les premières victoires/avancées pour leur montrer que c’est possible !

Accompagnement :

Aujourd’hui, l’écosystème compte une pluralité d’acteurs différents et complémentaires pour accompagner les entreprises dans les différentes étapes de leur développement RSE.

En conclusion, comme tout processus de transformation en organisation, la transformation durable d’une entreprise doit favoriser l’engagement de toutes ses parties prenantes : équipe dirigeante, collaborateurs, clients, etc.

Les entreprises ont aujourd’hui l’opportunité de se réinventer : réinventer leurs modèles d’affaires et réinventer leur raison d’être dans le but de devenir régénératives. Les initiatives volontaires et les cadres réglementaires se structurent de plus en plus pour concilier limites planétaires et modèles d’affaires. 

Il est nécessaire d’intégrer les contraintes physiques et biologiques de la nature, ainsi que l’évolution du climat et ses phénomènes (potentielles catastrophes associées) dans son processus de création de valeur pour revoir son modèle d’affaires. Anticiper la transformation n’est pas seulement un enjeu écologique mais “business”.

La convergence des objectifs des responsables de l’impact (Chief Impact Officer et/ou responsable RSE) avec ceux de la direction financière et de la direction générale est primordiale pour établir un lien solide entre les enjeux commerciaux et la transition durable. La directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) représente un levier essentiel pour renforcer cette priorité. »

Il faut aussi se poser les bonnes questions pour ne pas chercher à répliquer à tout prix les solutions appliquées par d’autres acteurs, afin de trouver des actions adaptées à la maturité et au secteur d’activité de sa structure.

Le temps est la ressource la plus sollicitée. Valorisez différents formats de participation, éventuellement en asynchrone, et facilitez leur mise en œuvre via divers outils.

Rappelez constamment l’importance et la stratégie derrière ces initiatives. Lorsque le sujet devient stratégique, le soutien du management et de la direction doit être réitéré.  Il semble primordial d’« incentiver » le management intermédiaire dans leurs objectifs pour cette démarche.

Le changement réside surtout dans la considération de la durabilité comme un investissement et non un centre de coût. Comprendre qu’il n’y a pas une unique solution et se rappeler que de nombreux acteurs sont disponibles pour accompagner les structures dans cette transition.

Des outils comme La Fresque des Organisations Responsables sensibilisent les salariés et proposent des pistes de solutions. Mao Boa propose une méthodologie en trois étapes : comprendre, agir, évaluer. Ma Petite Planète offre des défis pour adopter les bonnes pratiques et découvrir des alternatives. Bien Barré fournit des conseils d’experts à chaque étape de la transformation. 

Pour aller plus loin, nous actualisons constamment le catalogue post-édition adressé à nos clients, qui recueille les différents acteurs qui aident les structures à développer et mettre en place leur politique RSE. De quoi se lancer facilement !

Maria-Fernanda Forero
Reponsable des partenariats chez MPP

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