Les populations vulnérables en ville face au réchauffement climatique
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- LE 3 novembre 2023

LE CHANGEMENT CLIMATIQUE EN MILIEU URBAIN

Depuis plusieurs années, le monde entier est confronté à des températures en hausse, à des canicules meurtrières, à des inondations dévastatrices et à des conditions de vie de plus en plus précaires. Les conséquences du réchauffement climatique se font ressentir de manière particulièrement alarmante dans nos villes, et affectent certaines catégories de la population plus sévèrement que d’autres.

Dans cet article, nous étudierons ce qu’est le réchauffement climatique urbain et en quoi il diffère de son homologue rural, puis nous identifierons qui sont les populations dites « vulnérables ». Enfin, nous terminerons par explorer les conséquences du réchauffement climatique pour ces populations en milieu urbain.

Le réchauffement climatique en milieu urbain

Autrefois considéré comme un enjeu lointain, le réchauffement climatique a désormais un impact tangible dans les villes, se traduisant par des températures plus élevées par rapport aux banlieues, elles-mêmes plus chaudes que les campagnes environnantes. Cette situation résulte de divers facteurs, parmi lesquels figurent :

  • La densité de population

En comparaison avec les zones rurales, les zones urbaines sont densément peuplées. En 2022, 56 % de la population mondiale (soit 4,4 milliards d’individus) résidait déjà en ville. Cette proportion devrait doubler d’ici à 2050, portant à environ 70 % la part de la population mondiale en milieu urbain. Cette forte concentration démographique entraîne une demande accrue en énergie, en logements, en services publics et en infrastructures, ce qui a un impact sur les émissions de gaz à effet de serre, les besoins énergétiques et la production de déchets.

  • Les émissions de gaz à effet de serre

En raison de leur densité de population élevée, les villes sont des centres d’activité économique, de transport et de consommation d’énergie. En conséquence, elles génèrent des quantités importantes d’émissions de gaz à effet de serre, notamment de dioxyde de carbone (CO2) et de méthane (CH4), qui retiennent la chaleur. Ces émissions proviennent principalement de la conduite automobile, de la production énergétique et de l’industrie, et contribuent au réchauffement des zones urbaines.

  • L’effet d’îlot de chaleur

En milieu urbain, les surfaces bétonnées, l’asphalte et les bâtiments absorbent la chaleur solaire durant la journée et la restituent lentement la nuit, maintenant ainsi des températures élevées. Cet effet, appelé « îlot de chaleur », crée un microclimat plus chaud en ville par rapport aux zones rurales avoisinantes, accentuant la sensation de chaleur. Selon un rapport de l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique, l’amplitude de ces îlots de chaleur peut varier de 2°C pour une ville de 1 000 habitant·e·s et jusqu’à 12°C pour une ville de plusieurs millions d’habitant·e·s.

  • L’absence de végétation

En raison de l’urbanisation rapide et de la transformation des espaces verts en infrastructures, les villes souffrent d’un manque important de végétation.

Pourtant, les arbres et les plantes remplissent divers rôles essentiels, notamment la préservation de la biodiversité ; la création de zones plus fraîches grâce à l’ombre qu’ils offrent ; le refroidissement de l’air ambiant par le biais de l’évapotranspiration (un processus où les plantes libèrent de la vapeur d’eau dans l’atmosphère) ; et la purification de l’air en capturant divers polluants atmosphériques (tels que le dioxyde de carbone, le dioxyde de soufre et les particules fines).

Malheureusement, la végétation se raréfie en ville, et son absence rend difficile la vie urbaine.

  • L’obsolescence des infrastructures

De nombreuses villes disposent d’infrastructures vieillissantes, notamment des réseaux de distribution d’eau, des systèmes de chauffage et de climatisation, ou des réseaux de transport en mauvais état.

Outre leurs émissions de gaz à effet de serre et leur inefficacité énergétique, ces infrastructures obsolètes ne sont pas conçues pour faire face aux défis climatiques, tels que les inondations, les tempêtes et les vagues de chaleur.

Malheureusement, la rénovation et la modernisation de ces infrastructures sont onéreuses, et les budgets municipaux limités peuvent retarder ces améliorations. Pour remédier à ce problème, l’American Society of Civil Engineers (ASCE) évalue régulièrement la qualité et la durabilité de diverses infrastructures aux États-Unis, comme les routes, les ponts, les réseaux d’eau et d’énergie, les systèmes de transport en commun et les établissements scolaires.

En 2021, ces infrastructures ont reçu la note de C-, soulignant ainsi leur vétusté et leur vulnérabilité face aux phénomènes climatiques extrêmes.

Les conséquences du réchauffement climatique pour les personnes vulnérables en milieu urbain

En plus des conséquences qui touchent l’ensemble de la population, telles que les canicules meurtrières, les violentes tempêtes ou encore la montée du niveau de la mer et les inondations, le réchauffement climatique a des répercussions spécifiques sur les populations vulnérables en milieu urbain, notamment en matière de santé, de logement et de sécurité alimentaire.

  • Santé physique

Les vagues de chaleur de plus en plus fréquentes et intenses en ville représentent une menace pour la santé physique des populations vulnérables, en particulier celle des personnes âgées, des enfants, des femmes enceintes et des individus avec des problèmes de santé préexistants.

Dans les quartiers fortement urbanisés, ces populations sont susceptibles de subir un inconfort constant, des problèmes de déshydratation ou encore des troubles du sommeil, affectant ainsi leur qualité de vie à long terme, voire de conduire au décès.

À titre d’exemple, la canicule d’août 2023 ayant frappé 52 départements français a entraîné près de 400 décès de plus que la normale, ce qui représente une hausse de la mortalité de 5,4 %. Cette troisième vague caniculaire de l’été a particulièrement touché les personnes âgées de 75 ans et plus. Malheureusement, les foyers à faibles revenus ne disposent pas toujours des moyens nécessaires pour s’adapter, notamment en installant des systèmes de climatisation.

  • Santé mentale

Le réchauffement climatique en milieu urbain a également un impact négatif sur la santé mentale.

En effet, les périodes prolongées de chaleur extrême et les catastrophes climatiques répétées peuvent causer de l’anxiété, du stress et des dépressions, en particulier chez les enfants, déjà vulnérables, qui doivent faire face à un avenir incertain.

Plusieurs études scientifiques établissent une corrélation entre températures élevées et troubles psychiques, notamment une étude de l’Imperial College de Londres qui a révélé que les canicules sont associées à une augmentation des hospitalisations pour troubles mentaux, ainsi qu’à une hausse du taux de suicide, chaque degré supplémentaire de température moyenne accroissant les risques de 1 à 2 %.

  • Logement

Les inondations côtières et fluviales, de plus en plus fréquentes en raison de la montée du niveau de la mer et des précipitations intenses, touchent les quartiers situés dans des zones inondables.

De même, les tempêtes et autres catastrophes climatiques endommagent les toits et les structures des bâtiments, en particulier les logements précaires.

Malheureusement, les personnes à faible revenu sont souvent contraintes de s’installer dans ces zones en raison de contraintes financières, et sont parfois forcées de quitter leur domicile lorsqu’il est détruit ou inhabitable. Ces personnes doivent alors chercher un logement de remplacement, ce qui les expose à la précarité et au risque de sans-abrisme. De plus, les individus en situation de précarité financière résident souvent dans des logements mal isolés et énergivores, ce qui conduit à une hausse des factures d’électricité qui rend difficile le maintien d’un logement décent. De même, les températures extrêmes accentuent la demande de climatisation et de chauffage, ce qui entraîne une augmentation des coûts énergétiques.

  • Sécurité alimentaire

Le réchauffement climatique perturbe les précipitations, entraînant des inondations, des périodes de sécheresse et des pénuries d’eau plus fréquentes.

Dans certaines zones urbaines, ces perturbations ont des conséquences dévastatrices sur les cultures locales, entravant l’irrigation agricole et réduisant la production alimentaire.

Cette situation se traduit par une hausse des prix et des difficultés d’approvisionnement qui affectent en premier lieu les personnes à faible revenu, et accroissent leur vulnérabilité. De plus, ces communautés, souvent concentrées dans des zones défavorisées, dépendent des marchés locaux pour leur alimentation, de sorte que la perte significative de récoltes peut avoir un impact immédiat sur leur sécurité alimentaire.

La compréhension des populations vulnérables en milieu urbain et des défis spécifiques auxquels elles sont confrontées est essentielle pour élaborer des solutions efficaces et équitables pour lutter contre le réchauffement climatique. C’est un enjeu pressant qui nécessite une action coordonnée à l’échelle mondiale. Plusieurs mesures peuvent contribuer à protéger ces communautés, notamment l’investissement dans des infrastructures adaptées, la sensibilisation/l’éducation, l’élaboration de plans d’urgence, ainsi que la promotion de sources d’énergie durables.

Cet article a été rédigé par Juliette, « Passionnée de théâtre, de voyages et de photo argentique, j’aime aussi faire du vélo et chasser des Space Invaders. »

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