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- LE 28 Februar 2024

Rencontre avec Zakia Abarou, d’Un Toit Pour Les Abeilles

Bonjour Zakia !

Peux-tu te présenter en quelques mots et nous expliquer ton parcours ?

Je m’appelle Zakia ABAROU, 43 ans, heureuse maman de 2 grandes filles.
Vor Un Toit Pour Les Abeilles, j’ai travaillé pendant 13 ans dans une entreprise de production de vélos, pour un enjeu de réduction des émissions carbones. En 2014, j’ai voulu aller encore plus loin dans mon engagement environnemental en rejoignant une entreprise engagée autour de la protection du vivant.  C’est à ce moment, que j’ai rencontré Régis Lippinois, Fondateur d’Un Toit Pour Les Abeilles et ça a été un véritable coup de foudre professionnel ! Je fête aujourd’hui mes 10 ans au sein de la structure en tant que Directrice des Opérations et nous avons encore plein de belles pages à écrire…

Peux-tu nous présenter un toit pour les abeilles ? (le concept, vos actions, engagements, etc) ? 

Sous Un Toit Pour Les Abeilles se cache tout un panel d’actions autour de la protection du vivant et de la biodiversité.
Je vous fais un petit tour rapide de nos principales missions vertes :

2010 : Naissance du projet Un Toit Pour Les Abeilles.

L’enjeu est clairement affiché :
Parrainez une ruche et dégustez le miel de votre apiculteur.
Un Toit Pour Les Abeilles propose aux particuliers et entreprises de soutenir un apiculteur en local. En contrepartie le parrain reçoit du contenu régulier et des photos de sa ruche. Il est invité a passer un moment avec son apiculteur et ses abeilles lors d’une journée immersive en rucher.
Enfin, il reçoit des pots de miel du rucher parrainé à son nom ou avec le logo de
l’entreprise.
2015 : C’est la marque Folies Royales qui voit le jour : Une marque de cosmétiques de la ruche engagée. 100% Bio et française, Folies Royales propose des cosmétiques à base d’ingrédients de la ruche. Chaque produit permet de parrainer 5 abeilles et de planter 1m² de fleurs pour les abeilles.
2019 : C’est la naissance du projet “Les Dorloteurs d’Abeilles”. Il nait d’un constat
simple : Si les abeilles à miel sont en danger, les autres abeilles aussi. Il existe plus de 1000 espèces d’abeilles sauvages en France. Ces abeilles ne produisent pas de miel et ne piquent pas. On a alors imaginé une maisonnette à abeilles sauvages avec module d’observation permettant de protéger ces abeilles tout en apprenant d’elles.
Sensibilisation, pédagogie, observation, le projet des dorloteurs d’abeilles se développe tout naturellement en écoles.
2020 : Mon Petit Pot de Miel : Du miel français et solidaire, personnalisé pour toutes vos célébrations : mariage, naissance, séminaire et autres évènements.
– Enfin, 2024 : eh oui, c’est tout récent : Naissance de Farouche.fr, notre épicerie en ligne de miels et produits de la ruche, engagés, français et traçables le tout dans un pot “bas impact” 100% végétal, biodégradable et compostable.

Quels sont les principaux défis liés à l’installation de ruches en milieu urbain par rapport
aux zones rurales pour soutenir la cause des abeilles ?

Chez Un Toit Pour Les Abeilles, nous n’installons pas de ruches en milieu urbain.
D’abord parce que les colonies d’abeilles se développent naturellement mieux en milieu
rural mais aussi parce que nous avons à cœur de ne pas créer de déséquilibre entre les écosystèmes, et notamment avec les abeilles sauvages.
Je vous donne juste un exemple pour justifier ces propos. Aujourd’hui à Paris, on
compte plus de 1500 ruches installées. Paris a une superficie de 102km². Cela signifie aujourd’hui que Paris compte 15 ruches au km². Quid des ressources disponibles et du bon développement des colonies dans ce contexte ?

En quoi les facteurs environnementaux spécifiques des zones urbaines peuvent-ils
influencer la santé et le bien-être des abeilles ?

Bien que des initiatives spécifiques ont été mises en place en milieu urbain, comme
notamment le plan 0 phyto, ou encore la végétalisation de certaines zones et territoires, les abeilles domestiques doivent faire face à d’autres facteurs d’affaiblissement. Parmi eux : le manque de ressources variées, les pollutions sonore et visuelle, les ondes ou encore le stress associé à l’activité urbaine.

Peux-tu nous expliquer comment les activités humaines fréquentes en milieu
urbain, telles que le trafic automobile et l’industrialisation, peuvent-elles affecter la
pollinisation et le comportement des abeilles ?

Les abeilles à miel peuvent aller chercher la ressource sur un périmètre de 3km.
En zone rurale, cette distance à parcourir sur des champs de fleurs à perte de vue ne
semble pas générer de stress ou de difficultés spécifiques. En milieu urbain, cette même distance à parcourir peut paraître un véritable parcours du combattant pour les abeilles qui doivent se faufiler entre les infrastructures, les routes, les bâtiments. Sans oublier le bruit ou les jeux lumineux qui peuvent induire en erreur les abeilles. Les abeilles à miel épuisent davantage en ville.

C’est moins le cas pour les abeilles sauvages qui vont récupérer la ressource sur un
périmètre maximum de 300m.Si la ressource est toute proche, les abeilles solitaires iront puiser la ressource nécessaire pour leur alimentation et s’en retourneront dans leur abri (quelques orifices que leur propose la nature ou même les infrastructures urbaines).

Comment les espaces verts urbains peuvent-ils être optimisés pour favoriser la santé des abeilles sans compromettre la sécurité des habitants ?

Les espaces verts peuvent devenir de véritables “sanctuaires de biodiversité ». Il suffit de penser les ressources en tenant compte des besoins des écosystèmes locaux. Je reprends l’exemple de Paris. Il existe à Paris plus de 500 espaces verts. Il me semble que ces espaces sont déjà gérés en 0% phyto. C’est à dire que ces espaces sont gérés durablement sans utilisation d’herbicides ou pesticides quel qu’ils soient. Ces espaces pourraient intégrer des espèces de plantes, fleurs, arbres et haies sélectionnés par rapport à leur rusticité locale. Préférer des espèces locales adaptées au terroir de la région. On pourrait également y installer les “dorlotoirs à abeilles” sauvages qui
permettraient de repeupler en abeilles locales et sans risque pour les riverains, puisque ces abeilles ne piquent pas. Une belle façon de sensibiliser sur le rôle essentiel de pollinisation des abeilles.

Quels sont les exemples de réussite d’initiatives d’apiculture urbaine et comment peuvent-elles servir de modèle pour encourager d’autres villes à adopter des pratiques similaires?

L’apiculture urbaine comme je l’imagine aujourd’hui c’est une apiculture qui prend en compte un environnement adapté pour les abeilles : dans des jardins ou en forêts aux alentours des villes, loin des toits ou des zones urbaines sans ressources suffisantes.
Chez Un Toit Pour Les Abeilles on reste persuadé que les abeilles sauvages qui nichent de manière solitaires peuvent trouver leur place en milieu urbain. C’est moins le cas pour les abeilles à miel qui vivent jusque 50 000 dans une ruche et qui ont besoin de ressources en abondance.

Ton mot de la fin ? 🙂

L’idée d’installer les ruches en ville est arrivée dans les années 2015-2016 avec un
enjeu, je le pense, de “déplacer le problème” plutôt que d’entamer une transition verte agricole. A l’époque, les apiculteurs tiraient déjà la sonnette d’alarme sur l’utilisation massive des pesticides qui influent sur la mortalité des abeilles.
Je conclurai par un chiffre : 153 milliards de dollars. C’est le montant du service rendu gratuitement par les abeilles chaque année.
L’enjeu c’est donc d’offrir aux abeilles un environnement le plus sain possible pour
qu’elles puissent continuer à jouer leur rôle de “gardienne de notre biodiversité”.
Il est aussi de faire prendre conscience au grand public de ce rôle essentiel.
Enfin et en regard à l’actualité, il est important de rappeler que le miel produit par les abeilles est un produit noble. Il nous faut soutenir le miel produit en France par la filière et selon des normes de production strictes. Nos rayons regorgent aujourd’hui de miels importés dont plus de 46% seraient frauduleux, selon la dernière enquête de la Commission Européenne sur les miels. Achetez du miel français c’est faire un acte d’achat responsable pour les abeilles et les apiculteurs de France.

    Cette interview a été réalisée par Juliette, « Fan de nourriture multiculturelle et de cinéma. Tu peux aussi me retrouver dans des frip’!”