Une chirurgie plastique offerte par les lobbies
utopie un monde zéro déchet
- LE 27 enero 2023

Une chirurgie plastique qui vire au drame ? La Terre a perdu la face après un coup de bistouri des “plastiqueurs”. C’est toujours rattrapable, sauf que les lobbies du plastique veulent continuer à scalper notre planète pour des intérêts financiers et sociétaux obscurs. Pourtant la colère de la société civile gronde contre l’usage banalisé du plastique. Des initiatives personnelles et politiques se mettent en place pour remplacer cette matière pas si indispensable. Mais les plastiqueurs ont trouvé la parade pour influencer les milieux politiques et entrepreneuriaux, et ainsi perpétuer le massacre. Alors arrivera t-on à sortir du credo “plastique un jour, plastique toujours” ? Pour avoir une chance, étudions les stratégies de ces lobbies pour mieux s’en détacher.

Paradis en toc

Cela fait maintenant des décennies que le plastique s’est imposé comme le composant principal des objets de notre quotidien. Des emballages à la construction en passant par la fabrication de nos vêtements, le plastique fait tourner la tête à toute la planète. Omniprésent, omnipotent, il est à la base de notre vie et nous ne pouvons (ou ne voulons) plus nous en passer. Hygiénique, facile d’usage, indispensable et surtout très économique pour les industriels, les “plastiqueurs” ne manquent pas d’arguments pour défendre ce qu’ils appellent révolution. Pourtant, de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer ce paradis en toc, responsable de graves problèmes environnementaux, climatiques et sociaux.

 

Pour sauver sa face et son business, l’industrie du plastique a investi massivement dans la désinformation publique à travers des arguments fallacieux et de fausses études scientifiques. Cette pérennisation du secteur n’est possible que par la puissance du lobby plastique. Très influent dans le milieu politique et entrepreneurial, le plastique donne tout pour faire entendre sa voix. Malgré les récentes politiques gouvernementales anti-plastique et les traités internationaux sur la réduction de l’usage des plastiques, les “plastiqueurs” s’accrochent tant bien que mal aux lobbys pour peser dans le débat public ainsi que scientifique.

Le but est de faire survivre ce secteur, pourtant programmé à s’éteindre avec la raréfaction du pétrole et l’intensification de la lutte contre la pollution. Bien que son avenir semble obsolète et contraire aux challenges climatiques et environnementaux, le secteur continue de plancher sur un avenir financier juteux et une production toujours plus grande.

Le plastique, serial-killer silencieux

Il est maintenant prouvé que des milliards de fibres de micro plastiques sont ingérées chaque jour par un humain à travers l’eau en bouteilles et les différents aliments que nous consommons (fruits, légumes, poissons et viande). Un seul sachet de thé infusé à 95°C relâche, par exemple, 11,6 milliards de microparticules et 3,6 milliards de nanoparticules. Encore pire, nous absorbons chaque semaine 5 grammes de plastique, soit l’équivalent du plastique contenu dans une carte de crédit !

On sait désormais que le plastique et les produits qu’il contient a des effets délétères et néfastes sur la santé humaine. Une enquête de Santé Publique France estime que 100% des Français sont contaminés par des éléments fluorés, les bisphénols et d’autres composés chimiques considérées très nocifs (parabènes, d’éthers de glycol et de retardateurs de flamme). Certains de ses composés agissent comme des perturbateurs endocriniens, d’autres sont cancérigènes.

C’est le cas du bisphénol A qui a sévi pendant des années notamment dans les biberons destinés aux nourrissons. Il est admis, après de nombreuses études scientifiques, qu’il est responsable de cancers, de baisse de fertilité, d’obésité et peut même provoquer certaines formes de diabète graves. Les industriels se sont alors empressés de commander et de relayer des études scientifiques biaisées et partielles démontrant sa non-toxicité. Finalement, en 2017, il a été classé comme produit “extrêmement préoccupant » par l’Agence européenne des produits chimiques mais sa commercialisation n’a pas été pour autant interdite dans l’Union. Désormais, à l’image des paquets de cigarette, les plastiqueurs doivent notifier sur l’affichage que la marchandise contient du bisphénol A.

Là encore c’est une victoire pour les plastiqueurs, qui limitent la casse et peuvent toujours engranger d’énormes bénéfices sur cette épidémie silencieuse. Par la même occasion, ils ont démontré qu’ils étaient suffisamment influents, en perturbant le débat public et en semant le flou scientifique. Flou qu’ils ont réussi à tourner à leur avantage. Cette stratégie est d’ailleurs l’une des plus couramment utilisées par les lobbyistes industriels. Enfin, en France et dans d’autres pays où le bisphénol A a été finalement interdit, les industriels ont trouvé la parade en commercialisant un dérivé…plus nocif :  le bisphénol S. Celui-ci n’est pas encore légiféré par manque d’études scientifiques et de visibilité à long terme.

La partie immergée de l’iceberg

Nous avons tendance à penser que la pollution au plastique se résume aux continents de plastique en pleine mer. C’est vrai mais elle ne représente qu’une infime partie du problème. Bien que la civilisation humaine ait créé un septième continent de plastique, équivalent à 3 fois la surface de la France en plein océan Pacifique, il n’en reste pas moins que ces étendues de déchets représentent seulement 1% du plastique total dans les océans.

Les 99% restants dérivent sous formes de micro-plastiques, toxiques pour la biodiversité marine. Cela provoque un dépérissement de la faune mais aussi une détérioration des conditions de vie des pêcheurs locaux qui dépendent de cette ressource pour subsister. Sans parler que consommer des poissons et fruits de mer revient à s’auto-intoxiquer. En effet, une étude belge rapporte que chaque année, un amateur de fruits de mer ingère entre 2000 et 11 000 particules de plastique selon sa consommation.

 

Si on se penche de l’autre côté de l’iceberg, un phénomène encore plus inquiétant et moins médiatisé nous guette : la pollution des sols. On estime que les sols sont 24 fois plus pollués que les océans et les fruits et légumes que nous consommons chaque jour sont rongés par le même mal. Face à cet éventail de catastrophes, les plastiqueurs ont opté pour ladite solution du recyclage, davantage pour le greenwashing plutôt que par engagement écologique et philanthropique.

L’industrie se vante d’avoir créé des solutions innovantes pour rendre le plastique facilement recyclable et même biodégradable. Derrière cet écran de fumée qui rassure la conscience de chaque consommateur de plastique, la réalité est bien plus terne. Seuls 9% des déchets de la poubelle jaune sont recyclés à l’échelle mondiale. Le reste termine dans des décharges à ciel ouvert principalement en Asie du Sud-Est, à coût d’expédition en cargos qui font exploser les émissions carbone.

Enfin, il sert parfois de combustible bon marché pour certaines industries polluantes. Quant au bioplastique, c’est une technologie peu répandue et seulement dégradable dans des conditions très spécifiques (sol particulièrement riche en micro-organismes). En bref, une chimère qui permet aux plastiqueurs de surfer sur des prétendues avancées scientifiques et d’éviter de s’attaquer au problème de fond.

Crise climatique, crise plastique, les deux faces de l’emballage

Lorsqu’on évoque le changement climatique, on pense instinctivement aux transports, aux énergies fossiles et à l’agriculture chimique. Pourtant on oublie de mentionner l’un des principaux émetteurs de gaz à effets de serre. Si l’industrie du plastique était un pays, elle serait cinquième en termes d’empreinte carbone devant le Japon, l’Allemagne et juste derrière la Russie. On considère que si la production continue à ce rythme, en 2050, les émissions atteindront près de 56 gigatonnes de CO2, ce qui équivaut à 10-13% de l’ensemble du budget carbone pour rester sous le seuil des 1,5°C, défini par l’accord de Paris. Autant dire que même l’objectif des 2°C paraît inatteignable à ce niveau gargantuesque de production.

Le cycle de vie du plastique de l’extraction des combustibles fossiles, en passant par la production et le transport, jusqu’à l’incinération, est non seulement émetteur d’émissions carbones mais aussi de gazs particulièrement toxiques. On compte notamment les dioxines (polluant organique cancérigène), les furannes, le mercure et les PCA. La libération de ces particules augmente le risque de maladies cardiaques, détériore les poumons et endommage sévèrement le cerveau. Sans parler que la combustion libère du carbone noir (ou suie), l’un des plus importants polluants climatiques avec le méthane, l’ozone troposphérique et le CO2.

Pourtant le plastique à usage unique est dans tous les projets à long terme, largement soutenu par les entreprises pétrolières et chimiques qui y voient une opportunité d’investissement juteuse. En effet, grâce à l’exploitation des gaz de schiste, qui prolonge la date d’expiration des énergies fossiles et permet une économie d’échelle importante, les pétrochimiques parient sur un eldorado plastique, synonyme de profit exponentiel. Production toujours plus croissante dans un monde fini…

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Le plastique, facteur de discrimination et de racisme

Outre les conséquences désastreuses sur l’environnement, le climat et la santé, la production de plastique engendre des effets sociétaux qui semblent impacter en particulier certaines régions du monde.

D’abord, la production et l’incinération n’est pas équitablement répartie sur les quatre coins du globe et à l’intérieur même des pays. Derrière cette industrie, il y a une logique discriminatoire bien ancrée. En effet, les pays en voie de développement s’occupent de recevoir des millions de tonnes de déchets plastiques provenant des pays développés. Sans parler de la production qui est majoritairement délocalisée dans les pays en développement. Bien qu’il y ait peu de chiffres sur les travailleurs de l’industrie plastique, on sait que dans les principaux pays producteurs comme le Népal, le Bangladesh ou encore l’Inde, le travail infantile est d’actualité. Les plastiqueurs profitent de cette opacité pour augmenter leur productivité et réduire toujours plus leurs coûts de main d’œuvre au détriment des populations fragiles.

 

De plus, les déchets provenant d’Europe et des Etats-Unis dérivent vers les côtes d’Afrique, d’Amérique du Sud et viennent ainsi détruire et contaminer les plages mais surtout les écosystèmes déjà fragilisés de ces régions. On peut faire le parallèle avec l’opposition entre pays développés et pays en voie de développement. Parfois au sein même d’un pays, on retrouve une discrimination sociale qui vise des classes et des ethnies en particulier. C’est le cas aux Etats-Unis où la population Noire subit les effets néfastes de la pollution plastique.
Une importante communauté afro-américaine en Nouvelle-Orléans est touchée par une importante prévalence de cancers et de maladies respiratoires, à tel point qu’on appelle la région “Cancer Alley”. Malgré le surcroît de mortalité, les autorités publiques et les usines pétrochimiques ne semblent pas accorder une quelconque importance aux riverains.

En écrivant cet article, je ne pensais certainement pas arriver à cette conclusion : acheter du plastique, c’est donner les moyens à des politiques destructrices de se perpétuer, que ce soit en terme d’environnement, de climat, de santé et d’inégalités.

En bref, la bouteille d’eau que nous pensons acheter car “recyclable” et meilleure que l’eau du robinet, finance directement les lobbys du plastique. Ceux-ci continuent ainsi d’alimenter des campagnes de désinformation et les arguments éco-lavables. Nous devons aujourd’hui nous mobiliser pour réduire au maximum notre consommation de plastique, sachant qu’il existe de nombreuses alternatives accessibles. Sauter le pas, c’est arrêter d’entretenir ce cercle vicieux et, surtout, penser à la planète.

Este artículo fue escrito por Karim aka Krimo, écorappeur : “La limite : pousse-là.”

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